Lourdes confinée...
Lourdes a ses grilles fermées, cadenassées. La Vierge est-elle confinée ? Les hommes l’ont-ils abandonnée ?
Nous avons confiné une statue à Lourdes mais pas la Vierge de Lourdes qui est partout dans le monde.
Celle-ci ne connaît ni les grilles ni les frontières humaines. Elle est toujours au pied de nos croix. Elle est présence d’une mère auprès de ses enfants, des malades. À ceux qui la prient, elle répond « Me voici ». À ceux qui l’oublient, elle vient, discrète et aimante, pour les soutenir.
Marie est source d’Amour avec le même sourire que pour Bernadette. La joie de Lourdes nous transforme ; il suffit d’aimer Dieu.
Pas de confinement pour la Vierge Marie qui est partout dans le monde : Lourdes, Medjugorje, Fatima… et en chacun de nous… En récitant le chapelet, ou même l’Angélus, je médite les paroles « Marie, priez pour nous chaque jour et à l’heure de notre mort ».
Depuis ma naissance, je suis confiné dans un corps, sur la terre. Le silence de Lourdes fait monter ma prière vers la Vierge Marie et son fils Jésus, en attendant le jour où je naîtrai à la lumière de Dieu pour l’Éternité. Je sortirai alors du confinement de la terre pour le mystère d’une vie surnaturelle, éternelle…
Raymond Olive
(Médecin-Chef de Pèlerinage de 1992 à 2017)
… et Lourdes retrouvée…
Suite à une promesse « de confinement », de retourner à Lourdes dès que le Sanctuaire serait rouvert et que nous pourrions nous déplacer, nous avons réussi à faire coïncider quelques jours de nos séjours individuels pour nous croiser…
« Lors des ‘Journées de Lourdes’ en février, je me suis inscrit pour un séjour au service de l'H.N.D.L., du 23 au 28 septembre. D'ordinaire, je suis affecté aux piscines, mais en cette période le service Saint Joseph m'a affecté à la grotte. Lorsque j'ai avisé le Conseil U.C.C.F. que l'allais à Lourdes, certains ont décidé de m'y rejoindre. » Patrick
Cette poignée de pèlerins heureux parle avec émotion de ce « passage à Lourdes ».
« Après avoir participé au pèlerinage ‘à domicile’ hors du commun, je ressentais un manque important, fouler le pavé de la Cité mariale. Certains d’entre nous ayant prévu, à titre personnel, le déplacement fin septembre, j’ai, non sans appréhension je l’avoue, succombé à la tentation. Deux jours et demi de pur bonheur et de communion, par la pensée, avec vous tous. Procession aux flambeaux, chemin de croix pour les plus en forme, dépôt de cierge, retrouvailles avec quelques connaissances lourdaises et messe à la Grotte avant le trajet du retour. Nous étions huit*, mais dans nos cœurs nous y étions tous. Vivement juillet prochain, avec l’espoir de se retrouver ensemble et dire ‘Merci Marie’ pour ce beau partage. » Henri
*Nous étions huit, en effet, car nous avons eu la joie de faire la connaissance de Jean-Paul, nouvel adhérent U.C.C.F. Et combien de messages échangés avec nos amis des régions ! Merci de nous avoir cherchés sur les images de KTO pendant la messe à la Grotte, nous nous sommes sentis si près de vous ! « Soyez assurés que je vous ai portés dans chacune de mes prières, si près de Marie ! » Patrick
Chacun a vécu Lourdes différemment mais intensément.
« Après quelques jours en famille dans le Sud-Ouest, ô combien appréciés sans confinement ni attestation, nous sommes arrivés à Lourdes. Un moment à deux qui nous a permis de découvrir Lourdes autrement... La ville est déserte et combien d’hôtels et de commerces sont fermés. Le Sanctuaire semble bien triste, sans la foule des pèlerins habituels... » Michelle et Jean-Pierre
Lourdes nous paraît déserte et triste par moments, mais Lourdes nous attend et nous rassure. En effet, ce séjour « nous a permis de nous rendre compte que tout est fait vis-à-vis de cette pandémie ». Patrick
« Ces jours nous ont permis de prendre des temps de recueillement auprès de Marie. Quelle joie de nous retrouver à la Grotte, malgré la pluie, et de partager des moments de prière, sans oublier bien entendu quelques moments de convivialité. Nous ne sommes pas seuls, tous nos pèlerins sont présents par la pensée et nous avons une immense gratitude envers nos aînés qui nous ont montré le chemin de Lourdes. » Michelle et Jean-Pierre
Terminons avec une anecdote bien cheminote…
« À notre retour de Lourdes, nous étions convenus de faire une halte chez des amis à Pessac. En raison de travaux sur la voie entre Lourdes et Pau, le TER prévu est remplacé par un bus à destination de Dax partant 2 heures avant l’horaire prévu pour le TER… Nous prenons connaissance de cette information au petit déjeuner, soit environ 3 heures avant le départ du bus (merci Muriel !)... Imaginez la panique ! Nous avions encore à faire une visite à l’Accueil Notre-Dame et à la Grotte, trouver des sandwiches, plus une minute à perdre ! Une fois installés dans le bus, nous avons eu le temps d’apprécier la campagne béarnaise et du sud des Landes… » Gérard et Marie-Thérèse
« J’étais la dernière à quitter Lourdes ce lundi, et j’ai donc pu, sous un beau soleil, saluer toutes les personnes du Sanctuaire qui nous ont aidés et soutenus pour notre pèlerinage ‘à domicile’ et leur dire à très bientôt… J’avais d’ailleurs prévu de retourner à Lourdes en novembre, mais un nouveau confinement en a décidé autrement… Rendez-vous est pris pour 2021 ! » Muriel
(propos recueillis par Muriel)
En poussant un fauteuil de malade à Lourdes...
Dans notre société, on ne présente plus que la beauté extérieure de l’individu. D’où culte de la jeunesse, du corps fusée, de l’esthétique parfaite, de la star.
Mais les malades nous apportent la beauté intérieure avec un esprit plein de sagesse, une intelligence du mystère de la vie, un cœur tourné vers le mystère de l’au-delà.
Or chacun de nous est appelé à devenir un « malade ».
Ce n’est pas une décadence physique, mais une ascension spirituelle car :
- Pourquoi avoir des jambes pour courir alors que Jésus est là près de nous ?
- Pourquoi voir toutes les couleurs, alors que Jésus est en nous la Lumière ?
- Pourquoi entendre l’inutile alors que Dieu parle en nous dans le silence ?
Les malades sont dans la nuit, le silence et l’immobilité, mais vers la rencontre de Dieu.
La vieillesse, la maladie ne sont plus une adversité, mais une désincarnation en fin de vie, avant la Pâque céleste.
La maladie est une participation à la Passion du Christ. Avant, non pas la mort, mais la résurrection avec le Christ à la vie éternelle, à la contemplation éternelle de la lumière de Dieu.
Ainsi, le médecin, comme la famille et les amis, ne sont que des accompagnants vers le mystère de la résurrection dans une immense espérance promise par le Christ.
Ce n’est pas nous, bien portants, qui poussons leurs fauteuils, mais eux, malades sur leurs fauteuils, qui nous tirent vers Dieu sur le chemin de la Vierge Marie.
Les malades sont devant nous, premiers de cordée, vers la contemplation de la lumière éternelle. Ils sont « Christ ». Suivre les malades, c’est suivre le « Saint Sacrement ».
Notre Pape Jean-Paul II a vécu sa maladie comme un cheminement vers Dieu. Et devenait dans sa vieillesse : si beau dans son expression, si aimant dans son regard, si convaincant dans sa parole, qu’en lui s’est créé un lien entre la beauté de la jeunesse et la beauté de la vieillesse (ou du vieillard), dans un élan d’amour trinitaire.
Raymond (Médecin-Chef de Pèlerinage de 1992 à 2017)
Témoignage paru dans notre bulletin Notre Dame de la Voie n°131 d'octobre 2005