NDLR. : Le chanoine Patrick Koehler a rejoint notre Hospitalité en qualité d'aumônier en début d'année 2022, succédant à l'Abbé Jean-Marie Kauffmann, empêché par la maladie, qui reste l'un des nôtres et que nous remercions pour son apport précieux pendant de nombreuses années. Notre récollection de mars 2022 au Sacré-Coeur de Montmartre était la première rencontre officielle avec notre nouvel aumônier que nous remercions bien fraternellement d'avoir accepté cette fonction d'accompagnement spiribuel. Nous lui souhaitons la bienvenue !
Quelle belle rencontre que celle vécue furtivement à Montmartre avec vous, chers amis, membres de l’Hospitalité de Notre-Dame de la Voie. J’admire votre attachement à cette belle institution. J’y vois le bras agissant de la Vierge Marie, santé des malades et secours des chrétiens. En effet, qui s’occuperait des souffrants si vous n’étiez disposés à le faire ? Qui porterait secours à ceux qui sont marqués dans la chair par les limites physiques liées à l’âge ou à la maladie ou encore à un accident de la vie, lors du pèlerinage des cheminots à Lourdes ? C’est vous dire combien votre service est précieux aux yeux de Dieu et source de joie pour ceux qui en bénéficient.
En se rendant chez Elisabeth, Marie était pressée par le désir de servir, d’apporter son aide à sa cousine âgée. Mais, n’oublions pas, Marie venait de connaître l’expérience bouleversante de l’irruption de Dieu dans sa vie par la voix de l’ange. Elle venait d’accepter d’être la mère du Sauveur. Quel secret lourd à porter. Aussi, tout en offrant son aide à Elisabeth, Marie espère être comprise par Elisabeth. Et nous le savons : Marie a été comprise par Elisabeth et c’est alors qu’éclate le chant du Magnificat. Une relation authentique permet une compréhension réciproque.
Il en fut autrement pour Bernadette Soubirous. Souvenons-nous de cette apparition du 2 mars 1858 telle que Bernadette nous la conte : « Elle me dit d’aller dire aux prêtres de faire bâtir là une chapelle. Je fus trouver M. le curé pour lui dire. Il me regarda un moment et il me dit d’un ton pas très commode : ''Qu’est-ce que c’est que cette dame ?'' Je lui répondis que je ne savais pas. » Alors que Bernadette répondait à la demande d'Aquero, elle se heure à une totale incompréhension de la part de son curé, incompréhension qu’elle assume dans la paix du cœur et une charité incroyable. Contrairement à Elisabeth comblée de l’esprit prophétique, qui perçoit le secret de Marie, M. le curé demeure prudent, réservé mais brusque et froid… Et pourtant Bernadette ne se laissera pas désarmer par lui. Elle continuera à être la messagère de la Dame…
Aussi, chers amis lecteurs, n’ayons de cesse d’aller vers les autres. Non pour nous affirmer mais au nom de notre vocation humaine et chrétienne : celle d’être utile aux autres dans une attitude de service et de don de soi. Le mouvement qui nous pousse vers les autres pour les aider est le fruit de Jésus présent dans le cœur, de Jésus qui accomplit en moi le salut et qui donne sens aux événements de la vie. Ce mouvement - celui d’aller vers les autres- est le mouvement même de Dieu qui rejoint les hommes sur les routes de leur vie. Le souvenir de la rudesse du curé Peyramale et de l’attitude de la petite Bernadette ne peuvent que nous inciter à entrer dans la logique de l’Évangile relayée par l’apôtre Paul : « Agissez en tout sans murmure ni contestation » (Ph 3, 14).
C’est alors que l’espace ouvert pour la rencontre nous donnera de découvrir la joie cachée au cœur des moindres événements de chaque jour. Bernadette s’était rendue en hâte au presbytère, mue par un sentiment de charité et d’humilité. Elle ne voulait que ce que Marie venait de lui demander. Certes, nous n’aurons probablement jamais une apparition de la Vierge Marie. Mais nous gardons en mémoire sa voix lors des noces de Cana. Et à la suite de Marie qui gardait tous les événements dans son cœur, n’ayons de cesse de méditer la recommandation de Notre-Dame aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira ». C’est bien ce qu’il nous revient de réaliser dans notre quotidien. « Faire tout ce que nous dit Jésus ! ». Je suis persuadé que c’est bien ce que vous souhaitez. Vous voulez tendre vers cet idéal. Certes, la faiblesse et la fragilité nous guettent et il se peut qu’une défaillance nous conduise à succomber à l’attrait du péché… Pauvres pécheurs ! Oui, oui, nous le sommes…
Mais cette réalité ne doit nullement nous empêcher d’aller vers les autres. Et cela tout simplement parce que Dieu veut que nous osions la rencontre avec d’autres ! Une dimension de sa volonté est que nos relations tissées aux hasards d’une rencontre deviennent fraternelles et chaleureuses.
Je suis heureux de savoir que Lourdes, la Grotte, les chapelles servent ces relations humaines et leur donnent d’être des relations réussies. C’est bien le commun attachement à la Vierge Marie qui permet de goûter la joie d’être frères et sœurs, c’est bien l’amour pour Notre-Dame qui continue d’animer les liens entre hospitaliers même aux heures de fatigue et d’épreuve. Oui, cette confiance en Marie favorise la bonne foi, celle qui l’animait durant toute son existence terrestre et qui est devenue le berceau de paroles de vérité. Ces dernières induisent un dynamisme capable de créer entre nous la profonde communion des cœurs vécue par Marie et Bernadette, et par la suite par Bernadette et son curé, l’abbé Peyramale.
En ce mois de Marie, le mois le plus beau, comme nous le chantions naguère, risquons la rencontre en allant vers les autres… pour leur dire qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu et à nos propres yeux ! Dieu vous soit en aide.
Votre dévoué, Patrick Koehler, aumônier.
(Extrait de Notre Dame de la Voie n° 183 - Mai 2022)